J’inaugure aujourd’hui l’apparition d’une nouvelle catégorie, “donjonneries”, en ces lieux jusqu’ici peu diserts sur cette question. Il s’agit d’y placer les récits, rédigés par mes soins, de fictions créées à plusieurs, autrement appelés “comptes rendus de partie de jeu de rôle”, si vous voulez. Je compte m’étaler beaucoup sur cette question dans un avenir proche, je l’ai déjà beaucoup fait à vrai dire, autre part en décousu, et dans mon coin de façon plus formelle, un très long texte auquel je tiens mais qui n’est pas encore tout à fait prêt à être lu. La fiction me fascine, en ce moment comme en beaucoup d’autres de ma vie. Par elle-même et par ses différents moyens de production, et il se trouve que le jeu de rôle est, parmi tous ces moyens, romans, films, divagations, ces méthodes pour faire naître une fiction, celle qui permet peut-être le mieux, à mon humble avis du moins, d’ouvrir des espaces de réflexion et de plaisir inédits.

Je ne prétends pas du tout que ces donjonneries intéresseront quiconque ne serait pas familier de cette activité, ce ne sont pas des récits de première catégorie. Ce qu’il faut savoir à leur sujet, pour bien les comprendre et tirer ce qui pourrait en être, c’est qu’ils ont d’abord été produits autour d’une table, à plusieurs, sous forme d’une conversation improvisée (parfois à partir d’un vague canevas préparé par l’un de nous, mais c’est finalement secondaire), à bâtons rompus, seulement entrecoupée de lancer de dés occasionnels qui, en certains cas précis, décideraient de la suite. Une fois les événements posés de cette façon, coopérative et ludique, les récits que j’en ai fait, ces donjonneries, leur restent absolument fidèles. Ils se permettent tout juste de choisir leurs mots; leurs angles, leurs ellipses. Ceux qui me lisent depuis maintenant plus de dix ans savent que je trouve la liberté romanesque absolment vertigineuse. Je crois que c’est encore et toujours ce que je creuse lors de ces parties, puis lors de ces récits. Et que je creuserai encore longtemps.