Durant mes quelques heures d’attente aux urgences vendredi, j’ai bon an mal an réussi à lire une petite centaine de pages de Grapes of Wrath, que j’avais tiré de la bibliothèque un peu au pif (enfin, “au pif”, on se comprend) en catastrophe pour avoir quelque chose à lire. Je l’avais lu en français il y a, pfiou, trente ans ? quelque chose comme ça. Mon dieu quel auteur. Quelle claque. Un chapitre entier absolument magnifique et passionnant, plein de tension et de beauté, sur une tortue qui traverse la route. Une nuit au clair de lune où on entend le moindre cri d’animal et on ressent le moindre mouvement de l’âme. Des personnages tous plus vrais que nature, tous à hauteur d’homme, tous lisiblement nés de la terre et pétris par la vie, tous pourvus de leur langage propre. (D’ailleurs, accrochez-vous pour l’anglais, pour le coup ; c’est très souvent phonétique et mon argot rural de l’Oklahoma n’était pas au niveau au début bizarrement, il a fallu s’habituer beaucoup.)

Je sais bien que j’ai déjà beaucoup et sûrement trop chanté les louanges de Steinbeck, mais bazar, qu’est-ce que ça me retourne à chaque fois.

Je ne sais pas si je le relirai en entier. J’ai mille autres trucs à lire et c’est un gros machin qui exige de disposer de larges plages horaires, choses devenues rares (elles reviendront). Cette centaine de pages était déjà un pur bonheur par elles-mêmes et n’ont même pas besoin de plus. (J’ai bien envie quand même.)