Un peu plus près des étoiles
L’Etna, au somment duquel soufflait un vent terrible, mythologique. Nous aurions dû nous y attendre : le refuge est tout de même à 2000 mètres. Or, sous la promesse du soleil radieux qui nous empêcha presque de profiter de notre terrasse hors de prix au petit-déjeuner, nous nous étions consciencieusement sous-équipés. La balade fut plutôt courte, en conséquence, mais très impressionnante malgré tout. Les coulées de lave se lisent sur les flancs durant toute la montée, de manière parfaitement évidente : la pierre, noire et nue, y paraît labourée par la charrue des géants. On comprend mieux les hypothèse des Grecs : forge d’Héphaïstos, demeure de Typhon (et mon guide me rappelle que les cyclopes s’en servirent de promontoire pour bombarder Ulysse). Il faut au moins ça, en effet.
En haut, quelques cratères récents sont visibles, que l’on peut circonvenir à pieds, faute de pouvoir se lancer dans une randonnée plus ambitieuse que nos maigres connaissances géologiques n’auraient peut-être pas su de toute façon rendre plus intéressantes que ce que nous avions déjà sous les yeux : le panorama, l’environnement sont certes superbe, mais ce dernier surtout reste remarquablement semblable à lui-même sur tout le versant. Une centaine de mètres de dénivelé supplémentaires ne nous les auraient pas beaucoup changés (tout en nous coûtant 30 euros par tête, prix du téléphérique, obligatoire pour aller plus haut[1]).
Ce sentiment gratuit, tout de même, de se tenir là où naquirent les légendes…
Légendes qu’on retrouve sculptées en “pierre de lave”, avec le meilleur goût comme on imagine, dans toutes les nombreuses échoppes présentes[2].
De retour à Taormina, nous profitâmes de la ville en plein après-midi, pour d’innombrables longueurs du corso Umberto I, qui satisfirent pleinement nos envies de shopping. Je rentrerai fièrement chaussé à l’italienne. Alors que nous nous apprêtions à dîner, nous recroisâmes les Espagnols. Nouvelle soirée charmante en leur compagnie, à laquelle vint s’adjoindre tardivement un Syracusain. De son visage, toute joie de vivre s’était enfuie. Nous étions quatre vacanciers tout à la joie du voyage et des rencontres impromptues, il était, lui, pâle comme la mort.
Notes
[1] Nous avons observé les comiques glissades de ceux qui voulaient l’éviter ; ils n’allèrent pas bien loin.
[2] Encore accordè-je bien du crédit à ces marchands du temple, puisque vous chercherez en vain Vulcain, ou même un Cyclope (pourtant bien plus statugénique que le Dieu boiteux). Ce ne seront que dauphins, chats mignons et David aux poils pubiens argentés.