Avis aux recruteurs
Je ne serai jamais un grand professionnel, me voilà résigné à cette idée. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment de la résignation, car je n’abandonne là aucun espoir, aucune ambition préalable. Je n’ai jamais rêvé de briller en entreprise. Grand bien m’en prit : je ne suis pas taillé pour. Cela nécessite une application, une méticulosité apportée à des tâches si dénuées de poésie[1] que j’en suis parfaitement incapable, par absence complète d’envie. J’ai beau voir, savoir, reconnaître tout ce qu’il faudrait faire, porter mon attention là où il le faut, je vais même jusqu’à envisager d’agir ; et puis rien, rien à faire, le passage à l’acte m’inhibe, et je préfère mille fois glander sur Internet et ruminer ma mauvaise conscience que remplir ce foutu tableau.
Évidemment, j’ai l’air de me donner le beau rôle, à pester sur la vie de bureau que, à ma connaissance, personne n’encense[2], mais en réalité, la proposition se généralise à toute activité que je pratique ou que j’ai pratiquée, et donc en particulier à la musique et à l’écriture. Je ne serai jamais qu’un amateur, en toutes choses. Malédiction !
Notes
[1] Au sens très large, n'allez pas vous figurer que je n'aspirerais qu'à contempler la mer, la mèche au vent. Je trouve de la poésie dans tout un tas de choses, à commencer par toute activité un tant soit peu technique, paradoxalement. Ainsi, préparer un fichier pour la composition peut m'absorber des heures durant. Mais remplir un tableau de liaison ou passer des instructions à une secrétaire est au-dessus de mes forces.
[2] Quel grand écrivain à venir chantera les louanges du contrôleur de gestion ?