Parmi toutes les conventions qu’offrait l’infinie variabilité du monde, l’homme (que dans un souci de promotion de type « scandale gratuit » nous continuerons d’appeler « homme » coûte que coûte), Homo sapiens sapiens peut-être mais qui fait quand même des conneries, a choisi l’Amour. C’est un choix curieux puisque, comme tout Mammifère qui se respecte un minimum, notre espèce est probablement partie d’un modèle de mâle dominant (que nous appellerons « le chef », sans raisons particulières), modèle dont nous discernons encore la trace, voire plus, dans toutes les sociétés actuelles[1] : le chef, puissant, possède plus de parsex que les autres. Mystérieusement, l’homme n’a jamais réservé exclusivement ses parsex à un seul groupe d’individus : en général (quand nous disons « en général », cela signifie bien évidemment que c’est une affirmation à vue de pif portant sur un domaine situé bien au-delà de notre zone de compétence ; le lecteur aura compris de lui-même), en général donc, les sociétés, monogames, organisées par familles, répartissent les parsex un à un aux membres de la tribu, selon un canevas extrêmement précis et tout sauf hasardeux. Ainsi l’adultère, c’est-à-dire le mépris des règles conventionnelles patiemment édictées par des personnes qui la plupart du temps ont passé l’âge de ces conneries, est un péché depuis la nuit des temps, ce que des sources écrites parfois très anciennes attestent sans ambiguïté aucune[2]. Il ne fait pourtant aucun doute que la pente naturelle de l’homme, Mammifère qui a bien dû se respecter à un moment ou à un autre, est nécessairement une loi de la jungle généralisée, un marché ultra-concurrentiel miné par des trusts puissants, bref, un lieu de lutte aux règles bien plus ouvertes et bien plus souples aboutissant à une concentration verticale et une situation générale foutrement plus inégalitaire que cette répartition Amoureuse drastique, ce dont l’économie mondiale témoigne quotidiennement indépendamment du fait que je n’y connaisse nib à l’économie. La conclusion logique est donc qu’il fut jugé nécessaire de « moraliser » la reproduction (la piste de la cruelle ironie du hasard aboutissant au choix d’une convention grossièrement inadaptée n’est cependant pas à négliger[3]).

Notes

[1] Il serait intéressant d’étudier le cas de certaines sociétés matriarcales, comme les peuples pré-indo-européens de l’Aurignacien, les indiens du Kerrala ou encore les Italiens. Mais les sources manquent sur ce point précis.

[2] Cf. la Bible, vers le début.

[3] Voir La côte d’Adam, c’est du flan pour un exemple très illustratif : il n’y a pas de mot en ancien hébreu pour “pénis”… ce qu’On a retiré d’Adam pour faire Ève, loin d’être une côte, pourrait ainsi être l’os pénien présent chez la plupart des mammifères (mais pas chez l’homme). Cela explique pourquoi les hommes ont le même nombre de côtes que les femmes (quand il devrait y en avoir une de moins, celle qu’On a retiré), et pourquoi il est fait mention de cette mystérieuse cicatrice qu’aurait laissé l’opération (“l’éternel Dieu en referma la cicatrice avec de la chair”)… en fait, le raphé médian, dont je laisse le soin au lecteur de googler la signification.)