Loin d’être une loi naturelle, l’Amour, grand A petit air, est, en réalité, et cela ne surprendra personne, construction sociale pure héritée des lois de sociabilité des espèces grégaires. Car à l’origine de l’Amour[1] que trouve-t-on ? La nécessité d’organiser au mieux le partage des femelles (que dans un souci d’égalité des sexes et de contournement habile de la mauvaise presse nous appellerons par la suite « partenaire sexuel », abrégé en parsex (abréviation dont le caractère astronomique nous ravit tout à fait)), afin bien sûr d’assurer la survie de l’espèce. Plus exactement, et pour ne pas se laisser abuser par les dehors finalistes de cette formulation : seules les espèces ayant développé un jeu social visant à la reproduction ont su assurer la diversité génétique nécessaire à la survie de l’espèce et à son évolution. En un mot, le bon partage des parsex est nécessaire à la vie. C’est la question de ce partage que nous nous proposons d’étudier ici, puisque de tout temps les gens qui écrivent des trucs commencent par expliquer de quoi ils vont parler ensuite. Les plus sérieux d’entre eux parviennent même à détailler ce dont ils vont parler précisément, partie par partie. Nous avons pour notre part choisi de découvrir en même temps que le lecteur où tout cela pourra bien nous mener.

Notes

[1] Comme de la religion, notez : je me souviens distinctement avoir entendu Amos Gitaï l’affirmer sans fard.