Maistre attendra les beaux jours, restons un peu plus chez Honoré, avant que j’oublie tout. Lus depuis (j’essaye de me les rappeler de mémoire) :

  • Un début dans la vie, où le jeune et ambitieux Oscar Husson se couvre de honte dans une voiture publique auprès du Comte de Sérisy, qui s’y trouve incognito (de même que Joseph Bridau, le peintre de La Rabouilleuse, qui s’y fait passer pour Schinner, autre peintre). Envisageant par la suite, et durant quelques années, une carrière d’avocat, Oscar finit par compromettre sa place dans son cabinet d’avoués (qui n’est pas celui de Derville, l’avoué du Colonel Chabert et de l‘Interdiction, mais d’un concurrent qui y travailla[1]) en jouant l’argent du cabinet pour bien paraître auprès d’une courtisane. Ne lui restera que l’armée, où il finira par s’illustrer, sauver le fils du Comte en y laissant un bras[2]. Fin presque digne pour le pauvre Oscar, qui paye cher ses péchés de jeunesse.
  • Albert Savarus, excellent roman, où un mystérieux avocat débarque à Besançon pour s’y faire un nom en politique afin de pouvoir épouser son amante, une princesse italienne. C’est la figure de l’ambitieux par amour, dont les plans seront déjoués par la fille du baron de Wattville et de la baronne de Rupt, amoureuse en secret. Comme dans La Muse du département, le ton ironique en moins, il y a ici une histoire dans l’histoire : Savarus publie dans sa Revue de l’Est une nouvelle retraçant son aventure avec la princesse sur le lac des Quatre Cantons, qui s’imbrique dans le récit lorsque la fille Wattville la découvre[3].
  • La Vendetta, où l’on apprend que les stéréotypes sur les Corses ne datent pas d’hier. Les Piombo, fiers et ombrageux, fuient la Corse après avoir massacré, en dignes représailles, tout la famille des Porta. Aidés par l’Empereur, ils s’établissent à Paris et y élèvent leur fille, belle et talentueuse, qui finira immanquablement par tomber amoureuse d’un Porta réfugié chez Servin, où elle prend ses leçons de peinture (en compagnie d’autres filles qui disparaissent mystérieusement du récit : Balzac nous avait plutôt habitués au retour des personnages, pas leur disparition !)… Roméo et Juliette n’ont qu’à bien se tenir. Ils se tiennent plutôt bien. Cela finira mal, très mal : ils se marièrent et eurent beaucoup de misère[4].

Notes

[1] Recherche Internet (je triche, donc) : il s’agit de Desroches. Le premier clerc, ami d’Oscar, se nomme Godeschal.

[2] Ce que l’on ne comprend pas bien à la lecture, c’est que la guerre à laquelle il participa n’était autre que la conquête de l’Algérie. Balzac parle bien d’Arabes, ce qui pour nous modernes manque de précision vous l’avouerez, et n’ajoute qu’une allusion à “l’affaire de la Macta”. Un coup de Google plus tard, nous savons que la Macta est un oued algérien où le Général Trézel fut défait par l’Émir Abdelkader en juin 1935. C’est dire si, à l’époque, la conquête d’Algérie relevait de l’anecdotique.

[3] Ce qui me fait penser : plus qu’une soixantaine de romans de la Comédie Humaine et j’arriverai à Melmoth réconcilié ! J’ai hâte !

[4] Comme dans La Maison du Chat-qui-pelote… mais à la différence du Bal de Sceaux, où Émilie de Fontaine repousse Maximilien (qui travaille ! quelle honte !) pour épouser son vieil oncle, le Comte de Kergarouët, avant que Maximilien devienne vicomte de Longueville… on sent Balzac peu assuré sur cette délicate question du mariage d’amour, ou tout au moins prompt à changer d’avis (Le Bal de Sceaux est le plus vieux texte de la Comédie Humaine… mais lui-même n’a-t-il pas plus tard épousé Mme Hanska par amour ?).