Creusons cette dernière hypothèse, qui est quand même la plus marrante et appelons le gnome Murphy pour les besoins de la démonstration. Notre rigolo affirme : c’est Murphy qui joue à pile ou face dans le boîtier. L’explication n’a aucune raison de s’arrêter là. D’ailleurs le religieux affirmera sans se démonter une seconde que c’est Dieu qui a guidé la main de Murphy, tandis que le barbu matérialiste écrira tout un système d’équations différentielles complexes reliant le mouvement de la pièce au temps et déterminant ainsi sa position exacte aux instants t particuliers où la pièce livre son résultat, pile ou face, avant d’en dériver une théorie générale de la gravitation reposant sur l’interaction microscopique de particules impossibles à voir, comme un chat dans une boîte noire qu’on ne pourrait pas ouvrir, voyez ? Mais quitte à retomber sur une boîte noire indémontable avec des trucs tout mignons à l’intérieur, notre rigolo qui verrait d’un mauvais œil ce vieux barbu prêt à lui piquer sa blague préférerait quand même, à tout prendre, que le tout soit décidé par un gnome nommé Murphy plutôt que par un chat à la con. « C’est le hasard, je vous dis » : voici notre premier homme qui conclurait invariablement la discussion ainsi. Il est intéressant de constater qu’on s’en fout en fait[1]. Nous serions comme au début en présence d’un tirage entre deux valeurs, tirage virtuellement infini (il suffit d’appuyer sur le bouton et c’est ce qu’on fait depuis des générations et des générations avant cela, depuis des éons dont pas même Lovecraft ne se souvient[2]), dont nous aurions déterminé, par induction exclusivement, qu’il est parfaitement aléatoire.

Notes

[1] Le matérialiste en viendrait jusqu’aux lois les plus intimes des dessous de la matière qu’il tomberait sur une bonne vieille répartition statistique autour d’une loi normale, conforme au théorème central limite et on serait bien avancé.

[2] Les gnomistes s’empressent d’en dériver l’immortalité de Murphy.